Le relativisme, ou le défaut de références permanentes et sa substitution par le néant, se fonde sur le fait que la vérité n’existe pas — ni le bien ni le mal non plus — parce que tout est relatif, et que le relatif fuit la vérité comme la peste. Il est par conséquent essentiel de perfectionner le mensonge à travers un nouveau langage. Le déni de l’existence de vérités absolues conduisant à la déclaration de vérités relatives, cette affirmation conduit au déni de la vérité. Nier la vérité ne nous laisse qu’avec des mensonges. À tel point qu’est reconnu le droit de mentir et qu’est refusé, le droit de dire la vérité. Les mensonges sont des droits et les vérités sont des crimes. Le mensonge devient un nouveau droit fondamental, car le mensonge flatte où la vérité oblige.
PROGRAMME
- 19 h 00 – 19 h 05 : Accueil, présentation
- 19h05 – 19h10 : Mgr Antal Spányi (Hongrie) : “Vérité et liberté”
- 19h10 – 19h20 : Prof. László Márki (Hongrie): « La vérité comme réponse au relativisme »
- 19h20 – 19h30 : Prof. Ryszard Stocki (Pologne) : “Le déni actuel de la vérité absolue dans les relations sociales, politiques et économiques”
- 19h30 – 19h50 : Débat (modérateur : Lóránt Lehrner)
- 19h50 – 20h00 : Conclusions par Mme Katalin Novak et M. Jaime Mayor Oreja
INTERVENANTS
Mme Katalin Novak : ministre du gouvernement et député de Hongrie, vice-président du parti Fidesz.
M. Jaime Mayor Oreja : président de la Fédération One of Us, ancien ministre de l’Intérieur du gouvernement espagnol, ancien député au Parlement européen, groupe PPE.
Mgr Antal Spányi : ordonné prêtre en 1976 pour l’archidiocèse d’Esztergom par le cardinal László Lékai, nommé évêque de Székesfehérvár par le pape Jean Paul II le 4 avril 2003.
Prof. László Márki : Docteur en Sc. Hung. Acad. Sci., Budapest 1995, membre de l’Institut Alfred Renyi de mathématiques de l’Académie hongroise des sciences.
Pr Ryszard Stocki : psychologue organisationnel, pédagogue et consultant en entreprise.
Langues : espagnol, anglais, français, hongrois.
RÉSUMÉ, par Jaime Mayor Oreja
Une société dominée par le relativisme moral doit se baser sur le mensonge. Le relativisme moral et le mensonge sont les deux faces d’une même monnaie, qui caractérisent la tendance dominante. Le relativisme, c’est-à-dire l’absence de références permanentes et leur remplacement par le néant, se fonde sur le fait que la vérité n’existe pas — ni le bien ni le mal non plus — car tout est relatif, et que le relatif fuit la vérité comme la peste. Par conséquent, il est essentiel de perfectionner le mensonge à travers un nouveau langage.
Au service de notre confort
Le relativisme extrême nécessite des mensonges extrêmes, et pour cette raison, il lui est nécessaire de s’éloigner de la vérité en ignorant, en rejetant et même en persécutant toutes les institutions attachées à la vérité. Tout comme dire la vérité exige — généralement —du courage, répandre des mensonges exige soumission et lâcheté. Les mensonges, de par leur nature, sont beaucoup plus confortables que la vérité. Car les mensonges sont au service de notre confort, et c’est pourquoi ils se tiennent à la surface des faits, et qu’ils se propagent si facilement. Saint Luc nous rappelle une vérité : « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière » (Lc 16, 8). La vérité ne se trouve jamais en surface. C’est à la racine des faits et des réalités que nous vivons ; nous devons donc la rechercher, la trouver et souffrir pour elle. Ce n’est pas facile, c’est foncièrement désagréable et en règle générale, ce n’est pas fait, en raison de la persécution de l’opinion dominante.
Nous sommes passés du prestige de la vérité à son hostilité. Il y a en nous une peur révérencielle de l’opinion dominante. Le grand penseur anglais Chesterton, à propos de l’hérésie, déclarait que « l’hérésie est une vérité devenue folle », une vérité hypertrophiée et « surexagérée ». Pour expliquer la folie des vertus, l’écrivain disait que le monde moderne est plein de vieilles vertus chrétiennes devenues folles. Le doute, qui fait partie de la nature humaine, s’est hypertrophié, il a tellement et tellement grandi qu’il a tout envahi et même transformé la nature de la dignité humaine de la personne. Ceci signifie que le relativisme est sous cet aspect une hérésie.
Les mensonges sont des droits
Le professeur Ignacio Sánchez- Cámara nous le rappelle : « Le déni de l’existence de vérités absolues conduit à la déclaration de vérités relatives, qui conduit au déni de la vérité. Nier la vérité nous laisse avec des contre-vérités et des mensonges. À tel point que l’on reconnait le droit de mentir et que l’on refuse le droit de dire la vérité. Les mensonges sont des droits et les vérités sont des crimes. Le mensonge devient un nouveau droit fondamental, car le mensonge plaît là où la vérité oblige. » La démocratie n’est pas vaccinée contre les mensonges. Le lieu naturel du mensonge est dans le totalitarisme par la propagande, mais il peut y avoir aussi une démocratie totalitaire par la complaisance du silence. Le relativisme est devenu l’un des principaux acteurs de notre société à tel point qu’il l’a transformée, sous tous ses aspects. Son irruption s’est produite si violemment qu’elle a provoqué un réalignement et un réajustement dans l’arène sociale et politique. Le débat culturel que nous aurons au cours de la prochaine décennie concerne nos fondamentaux contre le relativisme. Rémi Brague, notre penseur culturel de référence, nous rappelle que notre première obligation est de « libérer l’intelligence européenne de la tendance dominante ».