Le , par Enrique Mendoza Díaz
LA CRISE DU CORONAVIRUS est un drame et une opportunité. Le temps est venu de tirer les leçons que le confinement nous a laissées. Essayons d’aider une société fatiguée, assommée par le coronavirus. L’une de ses leçons, que beaucoup d’entre nous ont découverte, est la valeur du recueillement, de demeurer chez soi, d’avoir plus de temps pour lire, pour réfléchir, pour être en silence. Qu’il y a un temps pour parler et un autre pour se taire. On parle trop aujourd’hui, comme si l’important était de garder constamment la bouche ouverte, occupé à discuter de tout et de rien. Dire des choses sensées est devenu inhabituel. Il y a des choses à dire et d’autres sur lesquelles il faut se taire. Il y a un silence qui est une force et un autre qui est une faiblesse ; un silence héroïque et un autre lâche, un silence qui est digne et un silence qui est boiteux. Un homme silencieux est capable d’écouter, un homme qui écoute peut apprendre beaucoup.
Construire notre être intérieur
Peut-être que notre véritable « qualité de vie » dépend de notre volonté à vivre sereinement. Prendre le temps de penser à soi et de réfléchir. Trop souvent, nous recherchons le bonheur dans les choses extérieures et nous construisons la vie autour de réalités qui sont en dehors de nous. Nous oublions de construire notre intérieur, comme le socle sur lequel repose toute notre existence. Trop souvent, nous négligeons l’éthique, les principes et les valeurs, car nous sommes occupés à décrocher de l’or, de l’argent ou du bronze, quel que soit le prix nécessaire. Ce qui est triste, c’est qu’après tant d’efforts, nous réalisons le grand vide auquel mène cette quête laborieuse, auquel nous avons donné tant d’importance dans notre vie.
Personne n’est autosuffisant
L’héroïsme des agents de santé qui risquent leur vie pour sauver celle des autres devrait nous aider à prendre conscience que personne n’est autosuffisant. Cette dépendance mutuelle doit nous conduire à être reconnaissants et reconnaissants du travail de tous ceux qui nous rendent service. Surtout les « anonymes » ou ceux qui ont tendance à passer inaperçus. Je me réveille et j’allume la lumière, j’ouvre le robinet et l’eau sort, j’emprunte des escaliers propres, je marche dans des rues sûres : derrière ces gestes quotidiens, il y a des personnes — des gens comme vous et moi — qui rendent un service par leur travail.
Parmi les « anonymes », il y a aussi des journalistes qui, jour après jour, s’efforcent de nous adresser des informations de qualité, vérifiées, c’est-à-dire véridiques. Ils veillent afin que derrière chaque mot, il y ait une réalité, un contenu substantiel, une vérité pas seulement théorique. Il est vrai que les entreprises — dont les médias — en tant qu’organisations humaines, ont des intérêts. Il est urgent de clarifier (« rendre transparent ») les relations entre les groupes économiques — pas seulement ceux qui nous dérangent — et le pouvoir politique. Il y a des entreprises, des secteurs entiers, dont le compte de résultat dépend souvent plus des décisions publiques que de leur propre gestion. C’est une question d’hygiène démocratique. L’impartialité n’existe pas, l’indépendance existe.
L’effacement de la réalité
Nous vivons dans un monde saturé d’informations. Les clics pleuvent. Les experts de ce langage pervers appellent cela la « démocratisation » de l’information : tous-journalistes ! Personne ne prend le temps de vérifier les informations. Ce n’est pas rentable. La réalité est effacée. Il n’y a plus une seule réalité : désormais, il y a des « histoires », chacun la sienne. Fabriquer des mensonges est devenu un métier. Une fake news, tant qu’elle est spectaculaire, a plus de clics qu’une vérité. Le plus grave est que beaucoup s’en moquent. Tant qu’une fake news est favorable à ses idées, à son équipe, à son parti… on peut la diffuser (en la partageant sur ses réseaux) sachant que c’est faux. Ce n’est pas plaisant, c’est dangereux.
Auteur de l'article
Enrique Mendoza Díaz
España | Abogado y escritor.
Ses publications